Rezension: Patrice Gueniffey: Napoléon et de Gaulle. Deux héros français
L’année 2020 avec la commémoration de la 50e anniversaire de la mort de Charles de Gaulle (1890-1970) vient de se terminer, et nous approchons déjà du 5 mai 2021 (1), date du 200e anniversaire de la mort de Napoléon Ier à Sainte-Hélène. Tous les deux sont, comme le sous-titre de l’étude Patrice Gueniffey > Napoléon et de Gaulle. Deux héros français (Paris : Perrin 2017) indique, héros français. Tous les deux ont laissé une trace très déterminante dans la mémoire historique de la France jusqu’à nos jours. Tous les deux, par leur engagement personnel, leur courage et leur détermination, se sont engagés pour la France dans des crises particulières, tous les deux l’ont fait dans au moins deux moments particuliers chacun, et tous les deux, bien qu’en définitive dans des circonstances incomparables, sont revenus au pouvoir après l’avoir perdu. Tous les deux ont façonné les constitutions lors de leur accession et encore une fois lors de leur retour au pouvoir et, de cette manière, ils ont également marqué de manière décisive l’histoire constitutionnelle de la France pour longtemps.
> Rezension: Patrice Gueniffey, Bonaparte – 1769-1802
La liste des comparaisons est longue : tous les deux ont marqué l’imaginaire français par leur héritage : Napoléon (indirectement) par la légende napoléonienne qui l’a suivi, portant au pouvoir son neveu Louis-Napoléon pendant une bonne vingtaine d’années, et Charles de Gaullle par le nimbe qui lui est attaché de sauveur de la patrie, qui en 1958, alors que la République était en danger, s’est, dans un premier moment se fait prier un peu, ensuite, pour éviter que l’on se tournait finalement vers un autre sauveur, a rapidement annoncé qu’il serait disponible si on lui demandait à diriger à nouveau les destinées de la France (I. Retours croisés). Et il obtient une constitution comme un costume sur mesure et qui correspond aux principes qu’il a énoncés à Bayeux en 1946. D’abord, il est élu indirectement président de la République et, après une révision constitutionelle suive d’un référendum, il obtient l’intronisation par vote populaire en 1965 – après un second tour en ballotage avec François Mitterrrand – et devient un roi élu, selon les constitutionnalistes. Et Maurice Duverger, en 1978, présente le pamphlet L’échec au roi, dans lequel il décrit le système semi-présidentiel de la Vème République. Napoleon et de Gaulle ont restauré la confiance des Français dans leur pays tout en s’assurant de la reconnaissance étrangère. (cf. p. 19)
Dans plusieurs passages, Patrice Gueniffey justifie avec des arguments convaincants que la comparaison entre Napoléon et de Gaulle s’impose (par exemple, p. 17), voire qu’elle se prête littéralement à l’exercice, surtout lorsqu’il s’agit de sonder le champ d’action de ces deux héros, afin de savoir s’ils ont effectivement, chacun à leur manière, accédé au pouvoir au bon moment pour le bien de la France, comment ils l’ont revendiqué et pourquoi, quand il a commencé à leur échapper et comment ils l’ont finalement perdu.
Les circonstances historiques de l’arrivée ou du retour au pouvoir des deux héros occupent une place importante dans cette étude – et pour cause, car la légitimité du pouvoir est expliquée à de nombreux endroits dans ce livre. Cela nous donne un manuel impressionnant qui se concentre principalement sur les aspects historiques de l’histoire et la légitimité qu’elle procure aux deux héros. Tous les deux invoquent l’histoire et tous les deux interviennent plus ou moins prudemment dans son cours par des choix personnels. Gueniffey voit aussi des différences : De Gaulle n’a nullement tenté de changer la carte de l’Europe par des guerres, mais il a mis fin à la guerre d’Algérie par les traités d’Evian et libéré ainsi l’Algérie dans l’indépendance. Il avait ses propres idées sur la coopération entre l’Allemagne et la France et a été profondément déçu par le préambule que le Bundestag a placé en tête de la loi de ratification du traité d’amitié franco-allemand. Mais il se résigne à la CEE et veut promouvoir une fédération d’États. (2)
Lorsque Napoléon revient de l’île d’Elbe, il trouve une France complètement changée. Une année avait suffi pour introduire un nouveau système politique (cf. p. 41). La défaite de Waterloo met cependant un terme brutal et définitif à son règne. Lors de sa traversée du désert, De Gaulle avait observé depuis Colombey-les-deux-Églises l’agonie de la IVe République convaincu que son système était constamment au bord de l’effondrement.
Mais Patrice Gueniffey note aussi de profondes différences entre les deux héros : cf. p. 52 : la mainmise de Napoléon sur le pouvoir s’accompagne de nombreux fidèles et partisans qui assurent son (et leur) succès ; de Gaulle, en revanche, en tant que chef du gouvernement et fondateur du RPF, est bien seul sur le trône. Autre différence : “Bonaparte a l’air d’un amateur comparé à de Gaulle.” (S. 63)
L’étude de Gueniffey sur Napoléon Bonaparte et Charles de Gaulle comprend également des réflexions historiographiques sur la manière d’évaluer leur place, c’est-à-dire leur biographie, leur influence et leur héritage, avec le 2e chapitre, “Place des grands hommes”. Le troisième chapitre, “Les meilleurs d’entre nous ?”, compare les évaluations des deux héros par les contemporains et la postérité : tous les deux ont modernisé la France. Gueniffey apporte des nuances : “De Gaulle ? Un héros en quête d’Histoire ; Napoléon ? L’acteur d’une histoire en quête d’un héros.” (S. 173)
Le chapitre 4 ” La plume de l’épée ” donne à de Gaulle un certain avantage car il peut parler de Napoléon et dans son livre La France et son armée (1938), il impute la défaite finale de Napoléon à son caractère (cf. p. 227) et trente ans plus tard, de Gaulle est toujours d’avis que la grandeur n’est pas négociable (p. 229) – les expériences du survivant, la comparaison de sa propre situation avec celle de l’empereur suggère alors la question de savoir si l’on peut tirer des leçons de l’histoire. Et la question se pose également en cours de lecture, à savoir ce qu’il en est réellement, de l’influence des grands hommes, s’ils tiennent vraiment leur main dans les rayons de la roue de l’histoire, afin de la ralentir ou de l’accélérer ?
Chapitre 5 “La cimetière des héros”. Les héros évitent la comparaison : “Les grands hommes ne cohabitent pas volontiers.” (p. 302) Peut-être parce que la question se pose immédiatement : le grand, lui ou moi ? – De même, leurs décès et leurs funérailles, auxquels ils ne participent plus, nous éclairent sur leurs contemporains immédiats, sur la façon dont ils ont fait face à la grandeur de leurs héros…
La lecture de ce livre est si instructive : la condensation d’événements historiques qui, à des moments clés, dans des constellations particulières d’événements, permettent à des personnalités individuelles de s’élever de façon si incroyable si elles ont le sens du bon moment couplé à des convictions fermes. Ce manuel contient un guide passionnant pour réfléchir sur l’influence des personnes sur leur histoire. Dans quelle mesure les circonstances historiques ont-elles été un tremplin vers la gloire personnelle et historique ? L’héroïsme ne va-t-il que seul ? Ou bien le cours de l’histoire est-il même cyclique, de sorte que chaque décennie voit apparaître un autre grand homme ? Et comment classer l’influence personnelle des héros au sommet de leur puissance ? Ont-ils fait des erreurs, ou le temps a-t-il changé ?
Patrice Gueniffey
> Napoléon et de Gaulle
Deux héros français
Paris: Perrin 2017
EAN : 9782262063986
Maintenant aussi en livre de poche:
> Napoléon et De Gaulle
EAN : 9782262087920
Gerade ist das Jahr mit dem Gedenken an den 50. Todestag von Charles de Gaulle (1890-1970) zu Ende gegangen, da steht schon der 5. Mai 2021 (1) an, der Tag an dem sich der Tod Napoleons I. auf St. Helena zum 200. Mal jährt. Beide sind, wie der Untertitel der Studie Patrice Gueniffey > Napoléon et de Gaulle. Deux héros français (Paris: Perrin 2017) angibt, französische Helden. Beide haben das historische Gedächtnis Frankreichs bis in unsere heutige Zeit ganz entscheidend geprägt. Beide haben durch ihren persönlichen Einsatz, Mut und Entschlossenheit in besonderen Krisen sich für Frankreich engagiert, beide haben dies je mindestens in zwei besonderen Momenten vollbracht, und beide sind wenn auch letztendlich unter unvergleichbaren Umständen, nach ihrem Machtverlust wieder an die Macht zurückgekommen. Beide haben mit ihrem Amtsantritt oder -wiederantritt Verfassungen geprägt und die konstitutionelle Geschichte Frankreichs ebenfalls auf lange Zeit ganz entscheidend gestaltet.
> Rezension: Patrice Gueniffey, Bonaparte – 1769-1802
Die Liste der Vergleiche ist noch lang: Beide haben das “imaginaire français” durch ihre Vermächtnisse so nachdrücklich beeinflusst: Napoleon (indirekt) durch die ihm folgenden Napoleon-Legende, die seinen Neffen Louis-Napoleon für gut zwanzig Jahre an die Macht bringt und Charles de Gaullle durch den ihm anhaftenden Nimbus des Retters des Vaterlandes, der sich 1958 als die Republik in Gefahr gerät, zuerst ein wenig bitten lässt, dann aber doch noch, bevor man sich doch noch einem anderen Retter zuwenden würde, rasch bekanntgibt, zur Verfügung zu stehen, falls er gebeten werde, die Geschicke Frankreichs noch einmal (I. Retours croisés) zu steuern. Und er lässt sich eine Verfassung geben, die ihm und seinen 1946 in Bayeux skizzierten Grundsätzen wie ein Maßanzug passt. Zunächst wird er indirekt zum Staatspäsidenten gewählt und nach einer Verfassungsänderung erhält er 1965 die Inthronisierung durch die Stimme des Volkes – nach einer Stichwahl, die auch François Mitterrrand erreicht hatte – und wird ein gewählter König, nach Meinung der Verfassungsrechtler. Maurice Duverger legt 1978 das Pamphlet L’échec au roi vor, in dem er das halbpräsidentielle System der V. Republik beschrieb. Beide haben den Franzosen das Vertrauen in ihr Land wiedergegeben und gleichzeitig sich der Anerkennung durch das Ausland versichert. (vgl. S. 19)
In mehreren Passagen rechtfertigt Patrice Gueniffey mit überzeugenden Argumenten, wie naheliegend der Vergleich zwischen Napoleon und de Gaulle ist (zum Beispiel S. 17) , ja, dass er sich förmlich anbietet, gerade wenn es darum geht, den Handlungsspielraum, dieser beiden Helden auszuloten, um herauszufinden, ob sie tatsächlich jeder auf seine Weise im richtigen Moment zugunsten Frankreichs nach der Macht griffen, wie beide sie behaupteten und warum und ab wann sie ihnen zu entgleiten begann und wie sie sie schließlich verloren haben.
Die historischen Umstände, wie beide Helden an die Macht kamen oder wieder an die Macht kamen, erhalten in dieser Studie eine breiten Raum- und dies aus gutem Grund, denn in diesem Buch wird an vielen Stellen die Legitimation von Herrschaft und Macht erklärt. Damit ergibt sich ein eindrucksvolles Lehrbuch, dass vor allem die historischen Aspekte der Geschichte und die aus ihr erwachsenden Legitimation für beide Helden im Blick hat. Beide berufen sich auf die Geschichte und beide greifen durch persönliche Entscheidungen mehr oder wenige behutsam in ihren Lauf ein. Es gab auch Unterschiede: De Gaulle hat keinesfalls durch Kriege versucht, die Karte Europas zu verändern, jedoch hat er den Algerienkrieg durch die Verträge von Evian beendet und Algerien dadurch in die Unabhängigkeit entlassen. Er hatte ganz eigene Vorstellungen gerade von der Zusammenarbeit zwischen Deutschland und Frankreich und war von der Präambel, die der Bundestag dem Ratifizierungsgesetz des Deutsch-französischen Freundschaftsvertrages voransetzte, tief enttäuscht. Aber er fand sich mit der EWG ab und wollte eine Föderation der Staaten fördern. (2)
Als Napoleon von der Insel Elba zurückkehrte, fand er ein völlig verändertes Frankreich. Eine Jahr hatte genügt, um ein neues politisches System einzuführen (vgl. S. 41). Die Niederlage bei Waterloo setzte seiner Herrschaft dann doch ein abruptes und definitives Ende. De Gaulle hatte währende seines traversée du désert von Colombey-les-deux-Églises aus die Agonie der vor sich hinleidenden IV. Republik beobachtet, überzeugt, davon, dass ihr System ständig kurz vor dem Aus stand.
Patrice Gueniffey notiert aber auch tiefgreifende Unterschiede zwischen beiden Helden: vgl. S. 52: Napoleons Griff nach der Macht wird von vielen Anhängern und Unterstützern begleitet, die ihm seinen (und ihren) Erfolg sichern, de Gaulle hingegen ist als Regierungschef und Gründer der RPF ziemlich alleine auf dem Thron. Noch ein Unterschied: “Bonaparte a l’air d’un amateur comparé à de Gaulle.” (S. 63)
Gueniffeys Untersuchung über Napoleon Bonaparte und Charles de Gaulle enthält mit dem 2. Kapitel “Place des grands hommes” auch historiographische Überlegungen, wie ihr Platz, also ihre Biographie, ihr Einfluss und ihr Vermächtnis bewertet werden kann. Das dritte Kapitel “Les meilleurs d’entre nous?” vergleicht Bewertungen der beiden Helden durch Zeitgenossen und Nachlebende: Beide haben Frankreich modernisiert. Nuancen bringt Gueniffey auf den Punkt: “De Gaulle ? Un héros en quête d’Histoire ; Napoléon ? L’acteur d’une histoire en quête d’un héros.” (S. 173)
Kapitel 4 “La plume de l’épée” gibt de Gaulle eine gewissen Vorteil, weil er über Napoleon sprechen konnte und in seinem Buche La France et son armée (1938) die endgültige Niederlage Napoleons dessen Charakter zur Last legte (vgl. S. 227) und dreißig Jahre später war de Gaulle immer noch der Meinung, das Größe nicht verhandelbar sei (S. 229) – die Erfahrungen des Nachlebenden, der Vergleich der eigenen Situation mit der des Kaisers legt dann doch die Frage nahe, ob aus Geschichte gelernt werden kann. Und bei der Lektüre taucht die Frage auf, wie das denn nun wirklich so ist, mit dem Einfluss der großen Männer, halten sie sie wirklich das Hand in die Speichen des Rads der Geschichte, um es zu bremsen oder zu beschleunigen?
Kapitel 5 “Le cimetière des héros”. Helden scheuen den Vergleich: “Les grands hommes ne cohabitent pas volontiers.” (S. 302) Vielleicht weil sich sofort die Frage stellt, Größer, er oder ich? – Auch ihr Tod und Begräbnis, an dem sie nicht mehr beteiligt sind, wirft ein Licht auf ihre unmittelbaren Mitlebenden, wie sie mit der Größe ihrer Helden umgingen
Die Lektüre dieses Buches ist so lehrreich: die Verdichtung historischer Ereignisse, die in Schlüsselmomenten, in besonderen Konstellationen der Ereignisse, einzelnen Persönlichkeiten einen so unglaublichen Aufstieg ermöglichen, wenn sie das Gespür für den richtigen Moment haben gepaart mit festen Überzeugungen. Dieses Lehrbuch enthält eine spannende Anleitung zum Nachdenken über den Einfluss der Menschen auf ihre Geschichte. Inwieweit waren die historischen Umstände eine Art Trittbrett zum persönlichen und historischen Ruhm? Geht Heldentum nur allein? Oder ist der Verlauf der Geschichte gar zyklisch, so dass alle Jahrzehnte wieder ein großer Mann erscheint? Und wie ist der persönliche Einfluss der Helden auf der Höhe ihrer Macht einzustufen? Machten sie Fehler oder änderten sich die Zeitläufte?
Patrice Gueniffey
> Napoléon et de Gaulle
Deux héros français
Paris: Perrin 2017
EAN : 9782262063986
Jetzt auch als Taschenbuch:
> Napoléon et De Gaulle
EAN : 9782262087920
1. Vgl. dazu auf dem Frankreich-Blog > Wir eröffnen das Napoleon-Jahr 2021: Patrice Gueniffey antwortet auf unsere Fragen zu Bonaparte 22. März 2021
2. Vgl. dazu auf dem Frankreich-Blog> Hörensagen: “Das Europa der Vaterländer”