Rezension: Antoine Compagnon, La littérature, ça paye
Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et membre de l’Académie française, connu entre autres pour son ouvrage > Un été avec Montaigne (2013), a mis en avant sa passion pour la littérature dans le livre > La littérature, ça paye a permis à Antoine Compagnon d’exprimer sa passion pour la littérature.
On pourrait évidemment s’attendre à ce qu’Antoine Compagnon fasse ici un plaidoyer enflammé pour la littérature. Une sorte d’appel à lire davantage. Bien sûr, il le fait à nouveau dans ce volume, mais l’auteur l’exprime très habilement en expliquant avant tout la portée et l’importance de la littérature et de l’écriture.
Voir sur www.france-blog.info : > Mai 68 (I). Nachgefragt. Antoine Compagnon: 68 a-t-il commencé en 1966 ?
Bien sûr, on observe partout un déclin évident de la littérature… Les bibliothèques scolaires restent vides, car les élèves n’ont que leur smartphone sous les yeux et, souvent, la valeur de la littérature est méconnue. Mais à juste titre, Compagnon refuse de reconnaître une telle tendance, voire de la suivre. Il est fermement convaincu que la littérature se crée ses lecteurs, comme le prouve de manière impressionnante le nouveau genre «New Romance».
Il y a d’abord l’aspect économique. Seule une minorité d’auteurs peut vivre de ses livres ou ne peut jamais profiter des fruits de son succès, comme Charles Baudelaire par exemple. Et les élèves demandent plutôt «Combien gagnez-vous avec vos livres ?» que «Quel est l’impact de vos livres ?» ou «Pourquoi avez-vous écrit ces livres ?». Les nouveaux médias stimulent le marché du livre, les livres apparaissent et disparaissent rapidement… même si les livres exigent une certaine lenteur. Chaque visite à un grand salon du livre dément toutes les suppositions : les montagnes de nouveaux livres ne cessent de s’élever.
Le livre est un produit à part entière. L’auteur n’a aucun moyen d’augmenter sa productivité. Toute tentative d’accélérer le processus d’écriture, de lire moins, etc. se fait au détriment de la qualité. Tout auteur est d’abord un lecteur, rien ne se fait sans lire.
La question de l’utilité de la littérature trouve sa réponse chez Baudelaire : « L’art est-il utile ? Oui, Pourquoi ? Parce qu’il est de l’art. » (Baudelaire, « Les drames et le romans honnêtes. » (Baudelaire, OC, t. II, 1976, p. 39) En outre, la littérature transmet des connaissances sur tout le reste, on pourrait aussi dire des connaissances sur le monde. Il est rassurant de voir que Compagnon jette un regard critique sur le terme à la mode de compétence didactique, afin de montrer que cette approche visant à transmettre des contenus ou des compétences par le biais de la littérature a échoué, comme le prouve le déclin des sections littéraires. Et pourtant, la question de la simple rentabilité de la littérature va dans la mauvaise direction, car si l’on se demandait simplement quelles sont les perspectives professionnelles offertes par des études de littérature, on constaterait que le chômage dans ce domaine n’est pas plus élevé qu’ailleurs, on rencontrerait plutôt des surqualifications. Cependant, Compagnon concède que les spécialistes en littérature ont plus de mal à se vendre sur le marché du travail que les autres. (cf. p. 61 et suiv.) Mais il s’est avéré que s’ils ne se lancent pas dans l’enseignement ou dans l’université, ils peuvent très bien s’affirmer sur le marché du travail grâce à leur formation en littérature. La méfiance à leur égard vient aussi un peu du fait que le travail intellectuel à la maison, à son bureau, est une activité plutôt privée et qu’il n’est pas vraiment facile de comprendre ce qui se passe de l’extérieur.
Compagnon est d’accord avec le narrateur de Proust, qui affirme que les médecins, les ingénieurs et les fonctionnaires sont meilleurs dans leur métier lorsqu’ils sont également des lettrés, lorsqu’ils maîtrisent la « lettrure maîtrisent, c’est-à-dire la culture, ce que Montaigne, selon Campagnon, appelait le «suffisant lecteur »: «Un suffisant lecteur découvre souvent aux esprits d’autrui des perfections autres que celles que l’auteur y a mises et aperçues, et y prête des sens et des visages plus riches», (Essais, livre 1, chapitres 23 et 24) une merveilleuse preuve de l’esthétique de la réception.
Antoine Compagnon explore sous toutes les coutures les possibilités, les procédés et les effets de la «littérature». Il sait aussi très bien que les habitudes de lecture ont changé aujourd’hui. À l’école, rares sont les élèves qui prennent un livre dans l’étagère, car ils n’ont plus le temps – ou pensent ne plus en avoir – à cause du fait qu’ils passent leur temps à regarder l’écran de leur smartphone. Compagnon évoque à un moment donné les conséquences de cette concentration sur l’écran : elle fait disparaître les frontières entre tous les types d’information (cf. p. 112 et suivantes) et cache le plaisir esthétique que l’on pourrait ressentir en lisant un texte littéraire. On pourrait croire que le livre électronique gagne continuellement des parts de marché, mais celles-ci restent bloquées à 10 %, même si le chiffre d’affaires des livres audio augmente lentement : « Le livre audio… pour la première fois depuis Gutenberg,… déverrouille le retard de la productivité de la lecture, du moins en apparence. » (p. 129) Cela permet-il de consommer des livres plus rapidement ? Compagnon en doute.
Aujourd’hui, les conférences ou séminaires de littérature à la Sorbonne ne sont plus qu’à moitié remplis. Mais la théorie des sujets, telle que défendue par Paul Ricœur (1913-2005), a plutôt conduit à une pénétration de la littérature dans d’autres domaines, même si c’est comme «un cautère sur une jambe de bois» (p. 14).
Compagnons Résumé est optimiste : C’est pourquoi, tout bien pesé, le malaise actuel des littéraires me paraît illégitime et paradoxal. La littérature est un besoin naturel de l’être humain que même la maladie des coûts n’anéantira pas ; la demande de littérature de la société ne cesse de croître, comme recherche de compétence narrative et poétique, certes pour des motifs plus ou moins avouables, tels que vivre mieux et gagner plus. » (p. 173)
Tout comme la lecture d’un roman change notre vision du monde ; après avoir tourné la dernière page, on referme le livre et on revient à la réalité comme après une séance de cinéma, on plisse un peu les yeux parce qu’il fait trop clair et que ce que l’on a vu/lu continue d’agir sur nous, et plus on y réfléchit, plus on se dit que la lecture était bonne, > ; Sartre, l’esthétique à l’épreuve avait parfaitement résumé le jugement porté sur le livre et l’art. Cela vaut également pour le volume d’Antoine Compagnon, qui parvient à rappeler la valeur, l’importance et la portée de la littérature, y compris aux élèves et aux étudiants. Certes, cela demande des investissements, beaucoup de lecture, pour pouvoir écrire, mais on ne peut rien faire de plus rapide et de moins cher dans la littérature. Mais la littérature nous offre toujours quelque chose de nouveau, comme au petit Jacques Coméry qui emprunte des livres à la bibliothèque avec son ami et s’assoit sur le premier banc venu pour feuilleter les livres et voir ce qu’ils leur révèlent aujourd’hui du monde : Albert Camus, Le premier homme.
Antoine Compagnon, Professor am Collège de France und Mitglied der Académie française, bekannt u.a. durch seinen Band > Un été avec Montaigne (2013), hat mit dem Buch > La littérature, ça paye seine Passion für die Literatur auf den Punkt gebracht.
Natürlich könnte man von Antoine Compagnon hier ein flammendes Plädoyer für die Literatur erwarten. Eine Art Aufruf, unbedingt mehr zu lesen. Natürlich wird wieder dieser mit diesem Band auch vorgetragen, aber der Autor verpackt ihn sehr geschickt, indem er vor allem die Tragweite und die Bedeutung der Literatur und auch des Schreibens erläutert.
Sehen Sie auf > www.france-blog.info : > Mai 68 (I). Nachgefragt. Antoine Compagnon: 68 a-t-il commencé en 1966 ?
Natürlich ist ein augenscheinlicher Niedergang der Literatur allenthalben zu beobachten… Schulbibliotheken bleiben leer, weil die Schüler/innen nur ihr Smartphone vor der Nase haben und vielfach der Wert der Literatur verkannt werde. Aber mit gutem Recht weigert sich Compagnon, einen solchen Trend anzuerkennen, gar ihm zu folgen. Er ist fest davon überzeugt, dass die Literatur sich ihre Leser schafft, wie auch das neue Genre „New Romance“ dies so eindrucksvoll beweist.
Da ist zum einen die wirtschaftliche Seite. Nur eine Minderheit der Autoren kann von ihren Büchern leben oder können nie die Früchte ihres Erfolgs wie z. B. Charles Baudelaire genießen. Und Schüler fragen eher, was verdienen Sie mit Ihren Büchern, als Was bewirken ihre Bücher? oder Warum haben Sie diese Bücher geschrieben? Die neuen Medien heizen den Büchermarkt an, Bücher kommen und verschwinden wieder schnell… obwohl Bücher eine gewisse Langsamkeit verlangen. Jeder Gang auf eine große Buchmesse straft alle Vermutungen Lügen: Die Berge der neuen Bücher werden immer größer.
Das Buch ist ein ganz eigenes Produkt. Seitens des Autors gibt es keine Möglichkeit, Produktivitätssteigerungen zu erreichen. Jede Art von Steigerung der Geschwindigkeit des Schreibprozesses, weniger lesen etc, geht sogleich zu Lasten de Qualität. Jeder Autor ist zuerst ein Leser, ohne Lesen geht nichts.
Die Frage nach dem Nutzen der Literatur wird mit Baudelaire beantwortet: „Ist die Kunst nützlich? Ja Warum? Weil sie Kunst ist.“ (Baudelaire, „Les drames et le romans honnêtes.“ (Baudelaire, OC, t. II, 1976, p. 41) Außerdem vermittelt die Literatur Kenntnisse über alles Andere, an könnte auch sagen Weltwissen. Wie wohltuend, dass Compagnon den didaktischen Modebegriff Kompetenz kritisch in den Blick nimmt, um mit ihm zu zeigen, dass dieser Ansatz, Inhalte oder Fähigkeiten durch die Literatur zu vermitteln gescheitert ist, wie es auch die Rückgänge der Literatursektionen beweisen. Und trotzdem gilt, dass die Frage nach der bloßen Rentabilität der Literatur in die falsche Richtung weist, denn würde man bloß danach fragen, welche Berufsaussichten es mit einem Literaturstudium gebe, werde man man feststellen, dass die Arbeitslosigkeit in diesem Bereich nicht höher sei als woanders, eher würde man Überqualifizierungen antreffen. Allerdings konzediert Compagnon, dass Literaturwissenschaftler, sich auf dem Arbeitsmarkt weniger gut verkaufen könnten als andere. (vgl. S. 61 f.) Aber es hat sich gezeigt, dass sie sich mit der literaturwissenschaftlichen Ausbildung, wenn sie nicht in den Schuldienst oder in ide Universität gehen, sehr wohl doch auf dem Arbeitsmarkt behaupten können. Das Misstrauen gegen ihnen rührt auch ein wenig daher, weil die intellektuelle Arbeit zu Hause am Schreibtisch eine eher private Veranstaltung sei und von außen nicht so recht zu durchschauen sei.
Compagnon hält es mit dem Erzähler unter der Feder von Proust, der von Ärzten, Ingenieuren und Beamten behauptet, sie seien besser in ihren Berufen, wenn sie zudem auch Literaten seien, wenn sie die > lettrure beherrschen, also die Kultur, womit Montaigne, so Campagnon den „suffisant lecteur“ nannte: „Ein ausreichender Leser entdeckt in den Gedanken anderer oft andere Vollkommenheiten als die, die der Autor dort hineingelegt und gesehen hat, und verleiht ihnen reichere Bedeutungen und Gesichter,“ (Essais, Buch 1, Kapitel 23 bzw. 24) ein wunderbarer Beleg für die Rezeptionsästhetik.
Antoine Compagnon lotet die Möglichkeiten, Verfahren, wie auch die Wirkungen der Lettrure nach allen Seiten hin aus. Er weiß auch sehr wohl, dass sich heute dei Lesegewohnheiten verändert haben. In der Schule nimmt kaum je ein Schüler ein Buch aus dem Regal, weil er wegen des ständigen Wischens auf dem Minibildschirm seines Smartphones dazu keine Zeit mehr hat – oder zu haben glaubt. Compagnon nennt an einer Stelle die Folgen dieser Konzentration auf den Bildschirm: Sie lässt die Grenzen zwischen allen Arten der Information verschwinden (vgl. S. 112 f) und versteckt vor ihnen das ästhetische Vergnügen, dass sie beim Lesen eines literarischen Textes empfinden könnten. Man könnte glauben, dass das elektronische Buch kontinuierlich Marktanteile gewinne, aber die bleiben bei 10% hängen, allerdings steige langsam der Umsatz mit Hörbüchern: „LDas Hörbuch … löst zum ersten Mal seit Gutenberg … den Produktivitätsrückstand des Lesens, zumindest scheinbar.“ (S. 129) Kann man damit Bücher schneller konsumieren? Compagnon hat da seine Zweifel.
Heute sind die Literaturvorlesungen oder -seminare in der Sorbonne nur noch halb so voll. Aber die Subjekttheorie, wie sie auch von Paul Ricœur (1913-2005) vertreten wurde, führte eher zu einer Durchdringung anderer Bereich mit der Literatur, wenn auch als ein „un cautère sur une jambe de bois“ (S. 14&)
Compagnons Résumé stimmt zuversichtlich: „Deshalb erscheint mir das derzeitige Unbehagen der Literaten alles in allem ungerechtfertigt und paradox. Literatur ist ein natürliches Bedürfnis des Menschen, das selbst die Kostenkrankheit nicht auslöschen wird; die Nachfrage der Gesellschaft nach Literatur wächst stetig, ebenso wie die Suche nach erzählerischer und poetischer Kompetenz, wenn auch aus mehr oder weniger nachvollziehbaren Gründen, wie z. B. besser leben und mehr verdienen.“ (S. 173)
So wie die Lektüre eines jeden Romans den Blick auf die Welt verändert; man klappt nach der letzten Seite das Buch zu und kommt wie aus einem Kino ans Tageslicht, kniept ein bisschen mit dem Auge, weil es zu hell ist und das Gesehene/Gelesene wirkt noch nach und je mehr man daraus , um so besser war die Lektüre, > Sartres Gradmesser der Ästhetik hatte das Urteil über das Buch und die Kunst auf den Punkt gemacht. Das gilt auch für den Band von Antoine Compagnon, mit dem es ihm gelingt, den Wert, die Bedeutung und die Tragweite der Literatur -auch Schülern und Studenten – wieder ins Gedächtnis zu rufen. Sicher, sie verlangt Investitionen, viel Lektüre, um überhaupt Schreiben zu können, man kann eigentlich auch nirgendwo in der Lettrure etwas schneller und billiger machen. Aber die Literatur bietet uns immer wieder etwas Neues, so wie dem kleinen Jacques Coméry, der mit seinem Freund in der Bibliothek Bücher ausleiht und die beiden setzen sich auf die erstbeste Bank, um in den Büchern zu blättern, um zu sehen, was sie ihnen heute von der Welt verraten: Albert Camus, Der erste Mensch.
Antoine Compagnon
> La littérature, ça paye
Paris: Les Éditions des Équateurs, 2024
EAN : 9782382847510