Maurice Gourdault-Montagne, Les autres ne pensent pas comme nous
Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de la République française à Berlin (2011-2014), vient de publier ses mémoires, qui sont aussi un manuel de diplomatie : > Les autres ne pensent pas comme nous. C’est une carrière tout à fait exceptionnelle de diplomate de haut niveau au service de la République française que Maurice Gourdault-Montagne (né en 1953) nous présente ici. Familier des moindres recoins de la maison du Quai d’Orsay, il a été plusieurs fois ambassadeur, au Japon (1998-2002), au Royaume-Uni (2007-2011), en Allemagne (2011-2014) et en Chine (2014-2017) et, à son dernier poste, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, avant de prendre, à sa retraite, un poste dans la finance.
Il a étudié à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’Institut de droit (Université Paris IV) et a appris le hindi et l’ourdou à l’Institut national des langues et civilisations orientales. En 1979, il est entré dans le service diplomatique et a d’abord travaillé à la section Asie et Pacifique du ministère français des Affaires étrangères au Quai d’Orsay, avant de devenir premier secrétaire d’ambassade à New Delhi en 1982. Après avoir occupé d’autres postes, il a rejoint l’ambassade de France à Bonn en 1988 en tant que conseiller d’ambassade. Lorsqu’Alain Juppé devient Premier ministre en 1995, Gourdault-Montagne est nommé dans son équipe. Après avoir été ambassadeur au Japon, il devient conseiller en politique étrangère de Jacques Chirac.
Maurice Gourdault-Montagne a servi cinq présidents dans sa carrière, dont 25 ans dans leur entourage immédiat, et il rappelle à ses lecteurs la place particulière du président de la République française, qui définit entre autres les orientations de la politique étrangère de la France. Suivent des récits impressionnants sur ses activités de conseiller dans différentes fonctions, toujours accompagnés de portraits des présidents François Mitterrand, Jacques Chirac, François Hollande, Nicolas Sarkozy jusqu’à Emmanuel Macron.
Au cours d es années 1988-1991, lors de la chute du Mur et de la réunification allemande, il a participé en tant que conseiller d’ambassade à la préparation des rencontres si décisives et fréquentes entre François Mitterrand et Helmut Kohl. De nombreux autres postes et missions suivirent, qui rapprochèrent encore davantage le jeune diplomate de la grande politique étrangère, comme par exemple les négociations avec la Russie, au cours desquelles on chercha une position de la France face à l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis qui se profilait. Un autre chapitre traite des relations avec la Russie, qui semblaient d’abord marquées par la confiance, mais qui se sont révélées au plus tard en 2013, entre autres à cause de l’Ukraine, ne pas être vraiment solides. Ont suivi des missions au Proche-Orient et en Iran, Gourdault-Montagne offrant ici un aperçu intéressant des mécanismes de décision du Quai d’Orsay : comment les initiatives sont imaginées, testées et aussi rejetées. En tant que collaborateur du Premier ministre Alain Juppé, il a vécu les discussions sur l’avenir de l’UE, y compris le référendum perdu sur la Constitution européenne en 2005. Chacun des chapitres dans lesquels il raconte ses missions d’ambassadeur contient une présentation détaillée des réalités historiques, politiques, culturelles et littéraires de son pays d’accueil. En ce qui concerne l’Allemagne (chapitre X : Au milieu des traumatismes allemands, p. 204-229), ces explications sont remarquables et conviennent particulièrement bien comme lecture pour les élèves du secondaire, complétant ainsi de manière impressionnante votre thème “Relations franco-allemandes” : entre autres, la fondation de l’Empire allemand en 1870, le national-socialisme et ses crimes, les vagues de réfugiés après 1945, la réunification et la structure fédérale de l’Allemagne sont quelques-uns des thèmes présentés ici du point de vue français : „L’Allemagne assume son Histoire de façon exemplaire.“ (p. 229)
L’importance particulière de ces mémoires apparaît clairement dans les nombreuses remarques avec lesquelles l’auteur décrit les fonctions, les tâches, les devoirs, les capacités et les principes de travail d’un diplomate. Si ces remarques (au moins 45 dans ce livre !) étaient rassemblées dans un essai, on obtiendrait un vade-mecum aussi bref que concis pour un diplomate : Une sélection „Mener une politique étrangère nécessite donc de savoir s’imposer, de rester soi-même, sans complaisance et en toute circonstance.“ (p. 22) ou „Quel que soit le cas de figure rencontré, il faut sans cesse chercher à se mettre en phase, à trouver un langage, qui demeure un fossé parfois difficile à combler.“ (p. 23) ou, comme cela s’est produit en 2000, lorsque le directeur du Financial Times a demandé à l’ambassadeur Gourdault-Montagne le jour où le scandale de la Société générale a éclaté: „Je dois improviser une réponse (les diplomates se retrouvent parfois dans une situation inconfortable !)-…“ (p. 183) Pour compléter, nous rappelons aussi, par exemple, sa mission d’ambassadeur au Japon: „Rien ne me prédestinait pourtant à partir à Tokyo. Pour pallier ma méconnaissance du pays, je lus beaucoup …“ (p. 287) Et suit une liste de livres importants sur le Japon. Ailleurs, il évoque le diplomate André Ross (1922-2017), qui a travaillé pour l’ambassade de France en Inde au début des années 50: „… décrypter le pays et jeter les bases de coopérations prometteuses. C’est lui qui m’aura appris le métier, l’observation, l’écoute et l’analyse avant l’action.“ (p. 311). Et „Il faut savoir saisir les sensibilités qui nous demeurent étrangères et c’est à la diplomatie de permettre aux dirigeants d’éviter les maladresses qui affaiblissent les intérêts dont ils sont la responsabilité.“ (p. 319) Un autre indice parmi tant d’autres : „C’est d’ailleurs un des problèmes éternels de l’action diplomatique, militaire ou politique que de voir toujours la crise qui se présente avec les yeux de la précédente, d’y plaquer la grille de lecture des derniers événements plutôt que de chercher à concevoir une réponse originale à une situation nouvelle. » (p. 339)
„Les autres ne pensent pas comme nous,” est, comme il le révèle dans la dernière phrase de ce livre, la devise qui l’a toujours accompagné au Quai d’Orsay et dans toutes ses missions à l’étranger.
Maurice Gourdault-Montagne, Botschafter der Französischen Republik in Berlin (2011-2014) hat seine Memoiren veröffentlicht, die zugleich auch ein Handbuch eines Diplomaten enthalten: > Les autres ne pensent pas comme nous. Es ist eine ganz außergewöhnliche Karriere eines Spitzendiplomaten im Dienst der Französischen Republik, die Maurice Gourdault-Montagne (Jahrgang 1953) hier vorlegt. Er ist mit jedem Winkel des Hauses am Quai d’Orsay bestens vertraut, war mehrmals Botschafter, in Japan (1998-2002), im Vereinigten Königreich (2007-2011), in Deutschland (2011-2014) und in China (2014-2017) und auf seinem letzten Posten war er Generalsekretär im Außenministerium, bevor er nach seiner Pensionierung einen Posten in der Finanzwirtschaft übernommen hat.
Er studierte am Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), am Institut für Rechtswissenschaft (Universität Paris IV) und lernte am Institut national des langues et civilisations orientales Hindi und Urdu. 1979 trat er in den Diplomatischen Dienst ein und war zunächst in der Asien- und Pazifikabteilung des französischen Außenministeriums am Quai d’Orsay tätig, bevor er 1982 Erster Botschaftssekretär in Neu-Delhi wurde. Nach weiteren Stationen kam er als Botschaftsrat 1988 an die französische Botschaft in Bonn. Als Alain Juppé 1995 Premierminister wird, wird Gourdault-Montagne in seinem Stab berufen. Nach seiner Zeit als Botschafter in Japan wird er außenpolitischer Berater von Jacques Chirac.
Maurice Gourdault-Montagne hat in seiner Karriere fünf Präsidenten gedient, 25 Jahre in ihrer unmittelbaren Umgebung, und er erinnert seine Leser an die besondere Stellung des französischen Staatspräsidenten, der u. a. auch die Leitlinien der Außenpolitik Frankreichs festlegt. Es folgen eindrucksvolle Berichte über seine Tätigkeiten als Berater in verschieden Funktionen immer verbunden mit Porträts der Präsidenten François Mitterrand, Jacques Chirac, François Hollande, Nicolas Sarkozy bis zu Emmanuel Macron.
In den Jahren 1988-1991 während des Mauerfalls und der deutschen Wiedervereinigung war er als Botschaftsrat an der Vorbereitung der so entscheidenden und häufigen Treffen zwischen François Mitterrand und Helmut Kohl beteiligt. Es folgten viele weitere Stationen und Aufgaben, die den jungen Diplomaten noch mehr an die große Außenpolitik heranführten, wie z. B. die Verhandlungen auch mit Russland, in denen nach einer Position Frankreichs zum sich abzeichnenden Einmarsch der USA in den Irak gesucht wurde. Ein weiteres Kapitel behandelt das Verhältnis zu Russland, das zunächst von Vertrauen geprägt zu sein schien, das sich aber schon spätestens 2013 u. a. wegen der Ukraine als nicht wirklich belastbar herausstellte. Es folgten Missionen in den Nahen Osten und in den Iran, wobei Gourdault-Montagne hier interessante Einblicke in die Entscheidungsmechanismen des Quai d’Orsays gewährt: wie Initiativen erdacht, erprobt und auch wieder verworfen werden. Die Diskussionen um die Zukunft der EU erlebte er als Mitarbeiter im Stab von Premierminister Alain Juppé einschließlich des verlorenen Referendums zur Europäischen Verfassung 2005.
Jedes der Kapitel, in denen er über seine Einsätze als Botschafter berichtet, enthält eine ausführliche Darstellung über historische, politische, kulturelle und literarische Gegebenheiten seines Gastlandes. In Bezug auf Deutschland (Kapitel X: Inmitten der deutschen Traumata, S. 204-229) sind diese Ausführungen bemerkenswert und sind als Lektüre auch für Schüler in der Oberstufe ganz besonders gut geeignet, um so Ihr Thema „Deutsch-französische Beziehungen“ eindrucksvoll zu ergänzen: u. a. die Reichsgründung 1870, der Nationalsozialismus und seine Verbrechen, die Flüchtlingswellen nach 1945, die Wiedervereinigung und die föderale Struktur Deutschlands sind einige der Themen, die hier aus französischer Sicht vorgestellt werden: „Deutschland steht auf eine exemplarischen Weise zu seiner Geschichte.“ (S. 229)
Die besondere Bedeutung dieser Memoiren wird in den vielen eingestreuten Bemerkungen deutlich, mit denen der Autor die Funktionen, die Aufgaben, die Pflichten, die Fähigkeiten und die Arbeitsgrundsätze eines Diplomaten umschreibt. Würde man diese Bemerkungen (mindesten 45 in diesem Buch!) in einem Aufsatz zusammenfassen, ergäbe sich ein ebenso kurzgefasstes wie prägnantes Vademecum für einen Diplomaten: Eine Auswahl: „Um die die Außenpolitik zu führen muss man wissen, wie an sich einbringt, sich selbst bleibt ohne Zuvorkommenheit bei jeder Gelegenheit.“ (S. 22) oder „Wer immer auch die Person sei, der man begegnet, man muss immer eine Übereinstimmung suchen, eine Sprache finden, die der andere verstehen kann, die gemeinsamen Bezugspunkte finden, über die Sprachgrenzen hinweg, die manchmal schwierig zu überbrücken sind.“ (S. 23) oder, wie es 2000 geschah, als der Direktor der Financial Times am Tag, als der Skandal um die Société génerale bekannt wurde, den Botschafter Gourdault-Montagne danach fragte: „Ich muss eine Antwort improvisieren (Diplomaten geraten manchmal in eine unkomfortable Lage!)“ (S. 183) Zur Ergänzung erinnerne wir auch z. B. an seine Mission als Botschafter in Japan: „Nichts bestimmte mich nach Tokyo zu gehen. Um meine Unkenntnisse über das Land auszugleichen, las ich viel….“(S. 287) Und es folgt eine Liste wichtiger Bücher über Japan. An anderer Stelle erinnert er an den Diplomaten André Ross (1922-2017), der Anfang der 50er Jahre in der französischen Botschaft in Indien tätig war: „… das Land entschlüsseln und erfolgversprechende Kooperationen vorbereiten. Er hat mich diesen Beruf gelehrt: die Beobachtung, das Zuhören, und die Analyse vor dem Handeln.“ (S. 311). Und „Wir müssen die Empfindlichkeiten, die uns fremd erscheinen, begreifen und es ist Aufgabe der Diplomatie den Entscheidungsträgern Ungeschicklichkeiten zu vermeiden helfen, die den Interessen, für die sie eine Verantwortung tragen, schaden könnte.“ (S. 319) Ein weiterer Hinweis unter vielen anderen: „Und das ist schließlich eines der ewigen Probleme jeder diplomatischen, militärischen oder politischen Handlung, die Krise, die sich abzeichnet, mit den Augen zu sehen, mit denen man die vorherige erlebt hat, und eine Lesart der letzten Ereignisse zu nutzen, als eine originelle Antwort auf eine neue Situation zu finden.“ (S. 339)
„Die anderen denken nicht wie wir,“ ist, wie er im letzten Satz dieses Buch verrät, ist seine Devise, die ihn immer im Quai d’Orsay und bei allen seinen Auslandseinsätzen begleitet hat.
Maurice Gourdault-Montagne,
> Les autres ne pensent pas comme nous,
Paris : Bourquins mémoires 2022.
EAN : 9782382921210
> Berlin, 14 juillet 2014. Interview avec S. E. M. Maurice Gourdault-Montagne, 15. juli 2014
> L’allocution de S.E. M. l’Ambassadeur Gourdault-Montagne à l’occasion de la remise du prix des lycéens allemands 2014 – 8. April 20154.
> Ein Interview mit S.E.M. Gourdault-Montagne, Botschafter der Französischen Republik in Deutschland – 2. April 2014