Rezension: Bettina Wohlfarth, Wagfalls Erbe. Roman
Quatre ans après la mort de son père Victor Wagfall, sa fille Karolin trouve un tableau qui, à première vue, ressemble à un Matisse, accompagné d’un manuscrit manifestement écrit par son père : “Notes d’un faussaire d’art mélancolique”. Dans ces pages, son père parle d’Isidor Schweig. Karolin commence à lire et se rend compte que ce Schweig était son père. Et il a effectivement beaucoup de choses à raconter. En tant qu’Isidor Schweig, il était effectivement à Paris pendant l’Occupation et y a vécu une double existence de soldat et de faussaire d’art.
Bettina Wohlfahrt raconte une histoire avec des flashbacks tout devançant le récit, qui tire son suspense particulier de la composition si réussie de son livre. Certaines choses sont avouées pour que le lecteur puisse garder le fil, puis l’histoire continue à se dérouler et permet au lecteur de participer aux moments les plus passionnants comme dans un film. Les passages documentaires alternant – également du point de vue typographique – avec les récits fictifs renforcent l’impression que tout pourrait s’être déroulé ainsi. A cela s’ajoutent les connaissances factuelles impressionnantes de l’auteur sur le marché de l’art à Paris pendant l’Occupation, comme si elle avait voulu écrire un traité sur ce sujet et qu’elle l’avait finalement transformé en roman. Et les connaissances locales de l’auteur sont vraiment remarquables. A cela s’ajoute, comme nous l’avons déjà évoqué, la découverte d’œuvres d’art dans le coffre du grenier. C’est tout à fait classique. Un tableau dont l’origine n’est révélée que vers la fin du roman – le lecteur est prié de ne pas tourner la page, ce qu’on ne fait pas non plus dans un roman policier, sous peine de ne plus comprendre complètement la révélation artistique de l’histoire.
“Seuls les idiots se taisaient sans douleur dans leurs souvenirs”, lit-on à la page 80, et cette phrase résume parfaitement toute la nostalgie de Wagfalls pour ses expériences parisiennes et son art. C’est alors qu’apparaît Rose Valland… Karolin se met à reconstituer leur histoire.Rose n’était pas la seule femme à Paris… il y avait aussi Rose : “Isidor, ne t’inquiète pas, tu n’as pas besoin de tout savoir”. Mais Karolin essaie maintenant de tout découvrir. Et elle écrit aussi de l’histoire de l’art, ainsi l’histoire du tableau L’Origine du monde de Gustave Courbet..
Et Isidor Schweig, avec son récit autobiographique transposé en roman par sa fille Karolin, parvient effectivement à écrire une histoire de l’art très personnelle de la période de l’occupation, la cupidité des Allemands qui s’emparent sans raison de trésors artistiques qui ne les concernent pas vraiment, le risque d’être reconnu… lorsque Schweig quitte son uniforme et donc sa vie de responsable des chemins de fer allemands à Paris et enfourche sa bicyclette d’artiste pour se rendre à son atelier – j’aurais pourtant pu garder la clé de ma chambre à Paris pendant mes études, en face de Sciences-po… Et Isidor Schweig peint jour et nuit – “dans une tranquillité retrouvée autour d’une bouteille de vin rouge…” – , pour que ses compatriotes puissent dérober les originaux sous forme de copies.
Bettina Wohlfarth,
> Le temps des faussaires
traduit de l’allemand par Élisabeth Landes
Paris, Liana Levi, 2023
ISBN : 9791034907656
Version numérique – acheter
ISBN ePub : 9791034907663
ISBN PDF : 9791034907670
Vier Jahre nach dem Tod ihres Vaters Victor Wagfall findet seine Tochter Karolin ein Bild, das auf den ersten Blick wie ein Matisse aussieht, und dazu Manuskript, das offensichtlich aus der Feder ihres Vaters stammt: “Aufzeichnungen eines melancholischen Kunstfälschers.” Auf diesen Seiten berichtet ihr Vater über Isidor Schweig. Karolin beginnt zu lesen und ihr dämmert es : dieser Schweig war ihr Vater. Und er hat tatsächlich viel zu berichten. Als Isidor schweig war er tatsächlich während der Besatzungszeit in Paris und hat dort eine Doppelexistenz als Soldat und Kunstfälscher gelebt.
Mit Vor- und Rückblenden erzählt Bettina Wohlfahrt ein Geschichte, die ihre besondere Spannung aus der so gelungenen Komposition ihres Buches zieht. Manches wird beichtet, damit der Leser den Faden behält, dann wird in Geschichte der faden weitergesponnen und lässt den Leser an den aufregendsten Momenten wie in einem Film teilnehmen. Die dokumentarischen Abschnitte im Wechsel – auch in typographischer Hinsicht – mit den fiktiven Erzählungen verstärken den Eindruck, alles könne sich so abgespielt haben. Dazu kommt das beeindruckende Faktenwissen der Autorin über den Kunstmarkt in Paris während der Besatzungszeit, genauso, als habe sie über dieses Thema eine Abhandlung schreiben wollen und sie nun doch noch in eine Romanform gekleidet. Und die Ortskenntnisse der Autorin sind wahrlich sehr bemerkenswert. Hinzu kommt, wie bereits angedeutet, der Kunstfund in der Truhe auf dem Dachboden. Ganz klassisch. Ein Gemälde, das erst gegen Ende des Romans seine Herkunft preisgibt – der Leser möge bloß nicht vorblättern, das tut man in einem Krimi auch nicht, weil sonst die kunstvolle Enthüllung der Geschichte nicht mehr vollständig verstanden wird.
“Nur Idioten schwiegen ohne Schmerz in ihren Erinnerungen”, heißt es auf Seite 80 und dieser Satz fasst die ganze Sehnsucht Wagfalls nach seinen Pariser Erlebnissen und seiner Kunst perfekt zusammen. Und dann erscheint Rose Valland… Karolin macht sich dran, die Geschichte der beiden zu rekonstruieren.Rose war nicht die einzige Frau in Paris… da war auch noch Rose: “Isidor, mache dir keine Gedanken, du brauchst nicht alles zu wissen”. Aber Karolin versucht nun, alles zu entdecken. Und sie schreibt auch Kunstgeschichte, so die Geschichte des Gemäldes Der Ursprung der Welt von Gustave Courbet…
Und Iisidor Schweig gelingt es mit seinem autobiographischen Bericht, den seine Tochter Karolin in einen Roman übertragen hat, tatsächlich eine ganz persönliche Kunstgeschichte der Besatzungszeit zu schrieben, die Habgier der Deutsch, die ohne Sinn und verstand nach Kunstschätzen greifen, die sie eigentlich nichts angehen, die gefahren erkannt zu werden… wenn Schweig seine Uniform ablegt und damit auch seine Leben als Eisenbahnbeauftragter der Deutschen in Paris und sich als Künstler auf sein Fahrrad schwingt, um zu seinem Atelier zu radeln – hätte ich doch den Schlüssel von meinem Zimmer in Paris während des Studiums schräg gegenüber von Sciences-po behalten können…Und Isidor Schweig malt Tag und Nacht – “in wiedergefundener Ruhe bei einer Flasche Rotwein…” (S. 205) – , damit seine Landsleute die Originale als Kopien rauben können.
Bettina Wohlfarth
> Wagfalls Erbe. Roman
445 Seiten
Gebunden, mit Schutzumschlag
Hamburg: Osburg Verlag 2/2019
ISBN 978-3-95510-180-0